En conversation : 
Seuils (Thresholds)

Ash Barbu, Sam Loewen,
Christos Pantieras, et Carl Stewart
Du 12 septembre au 27 octobre 2024​​​​​​​
Ash Barbu : Comme le suggère le titre de l’exposition, ce qui nous unit, audelà des générations, est notre intérêt pour les relations spatiales qui ouvrent de nouvelles perspectives sur l’intimité queer. Peutêtre pourrionsnous commencer cette conversation par une réflexion sur la possibilité de schématiser le désir dans la pratique.
Christos Pantieras : À mes débuts, je puisais dans ma propre expérience comme moyen d’exploration intérieure. En songeant aux œuvres que j’ai produites plus récemment, je constate que cette recherche s’oriente vers l’extérieur. Cette quête plus inclusive reflète probablement la réalité de ma relation, c’estàdire que je ne cherche plus l’intimité en public. Ainsi, j’ai commencé à réfléchir à diverses formes d’intimité sous d’autres angles. À travers les œuvres présentées dans cette exposition, j’ai d’abord cherché à explorer l’exclusion et la discrimination au sein des communautés queers, c’estàdire le fait que nous nous considérons comme une communauté victime de discrimination, alors qu’il y a de discrimination entre nous également. Cependant, au cours du processus de création de ces paillassons, j’ai changé de démarche. Par exemple, si je peux parler à une autre personne et entendre son point de vue, je ne peux pas extraire ces propos pour me les approprier dans ma pratique. Par conséquent, j’ai commencé à explorer des thèmes qui sont universellement liés. Je considère ces sculptures comme des formes anthropomorphes mélancoliques, des êtres expérimentaux coincés dans un entredeux.
AB : Dans ce refus de prendre la parole au nom d’autrui, ces œuvres traitent du pouvoir et du désir dans un contexte plus large. Ici, nous nous éloignons de la spécificité de la représentation picturale, en d’autres termes, de la contrainte d’imposer au corps une image précise.
Carl Stewart : Pour reprendre les propos de Christos, nous ne pouvons pas parler pour les autres à nous seuls. Les œuvres que je présente dans l’exposition ont pour but de capter l’attention. À travers elles, je cherche à attirer l’attention sur une situation où le désir queer est interdit. Dès la conception du projet, il était important de ne pas simplement reproduire les tissus traditionnels de ces cultures. Ce n'est pas de ma compétence. Lorsque les gens découvrent les motifs que j’ai créés et qu’ils en apprennent plus sur les 69 pays qu’ils représentent, ils sont souvent indignés. Et il faut que les gens s’indignent. Cela me ramène 30 ans en arrière, lorsque je m’adonnais au militantisme.
AB : Lorsque nous parlons de l’intimité au sens large, c’estàdire en tant que lien entre deux personnes, par opposition à l’intimité découlant de l’attirance sexuelle, nous réfléchissons à la mesure dans laquelle la communauté peut être imaginée, malgré les limites du langage, de l’espace et des privilèges. Nous nous interrogeons sur les relations qui déterminent qui, dans cette construction imaginaire de la communauté queer, peut se faire entendre. 
Sam Loewen : J’ai grandi en utilisant des applications et j’ai noué des liens grâce à des communautés semblables à celles des applications. En quelque sorte, les amis et les amants se confondaient : on explorait tous ensemble. Je fréquente toujours ces communautés, mais de manière différente. Ce que je recherchais à une certaine époque ne me convient plus aujourd’hui. La notion de mélange est très présente dans mes œuvres. Je m’intéresse à la dynamique du pouvoir qui façonne nos expériences à l’intérieur et à l’extérieur de ces communautés imaginaires. J’explore la symbologie de l’expression masculine et, plus spécifiquement, les scripts sociaux de la domination et de la masculinité.
CP : Dans ce contexte, je songe aux paillassons sur lesquels il est écrit « bienvenue ». Qui détient le pouvoir? Le paillasson s’engagetil, réagitil ou souffretil?
CS : De plus, il y a une personne qui détient le pouvoir de mettre le paillasson dehors ou de l’enlever, de sorte que vous n’êtes plus le bienvenu. 
AB : En préparant notre conversation d’aujourd’hui, j’ai réfléchi à la longue histoire de la censure, de la suppression et du désir. La croyance que la communauté queer a réalisé les progrès escomptés, que ces rapports ne façonnent plus la vie des personnes queers, est, bien entendu, profondément problématique. Comme le souligne Carl, la promesse même de l’identité queer est dangereuse. Elle est dangereuse dans ce monde et même dans cette ville. Nous ne faisons pas référence aux individus mal intentionnés, mais à des forces structurelles qui se dissimulent dans l’invisibilité. En concevant le seuil comme étant l’espace de l’entredeux, nous nous demandons s’il est possible de transcender ces limites invisibles qui nous ont été imposées.
SL : Pour répondre à ta question, je dirais simplement : l’audace des queers. Il y a un côté audacieux que je perçois tout au long de l’histoire de la communauté queer et ces aspects sont importants lorsque nous pensons à la matérialité, à l’art et à la résistance. Je reviens toujours à cette scène dans le film À Wong Foo, merci pour tout Julie Newmar (To Wung Foo, Thanks for Everything! Julie Newmar) où les « queens » disent quelque chose comme : « Tout ce dont nous avons besoin, c’est quelques tapis turcs et de la soie, et nous ferons la fête ». C’est ça la résilience : le fait que je n’ai pas besoin de prendre quoi que ce soit pour ressentir de la fantaisie, quelles que soient les circonstances. Nous traverserons des épreuves, mais nous ferons tout de même la fête. Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes, même entre nous, mais nous célébrons aussi notre identité queer. Notre situation n’est pas toujours sombre. Cela peut être quelque chose de merveilleux.
CS : C’est ce que la Fierté a toujours été. La résilience, l’audace et l’ingéniosité ne sont pas nécessairement propres à la communauté queer; elles caractérisent également différents groupes marginalisés. Ainsi sont les personnes marginalisées, et nous n’avons pas d’autre choix. Sinon, nous avons baissé les bras et capitulé. C’est ainsi que nous continuons d’exister.
AB : Je songe également aux communautés queers intersectionnelles qui ont été mises à l’écart de ces célébrations, depuis les premières manifestations de la Fierté jusqu’à aujourd’hui. Il est difficile de déterminer les paramètres communs de ce que l’on appelle l’histoire des queers. 
CP : Je travaille sur un projet pour le Diefenbunker sur la purge LGBT. Pour les personnes qui étaient surveillées, le désir était caché, car elles risquaient d’être dénoncées. Au Canada, la situation a évolué de façon spectaculaire.
CS : Quand je fréquentais les bars à la fin de la vingtaine, on n’y voyait pas d’hommes dans la cinquantaine puisque bon nombre d’entre eux étaient morts. Il y a un grand vide dans notre histoire.
AB : Nous sommes donc confrontés à un certain paradoxe : réfléchir à l’histoire – c’estàdire reconnaître les efforts de nos aînés queers – et rejeter les définitions essentialistes et réductrices de la communauté. Ce processus commence par la reconnaissance du privilège que nous détenons en revendiquant certains faits historiques comme étant les nôtres. La liberté n’a pas qu’une seule définition pour ceux qui vivent à l’intérieur de frontières assujetties à des lois différentes. Carl, tes œuvres témoignent de la complexité de ce désir de connexion. Elles visent à attirer l’attention. Cependant, tu prends garde à ne pas définir la réalité de quelqu’un à sa place.
CS : Tous les tissages sont locaux, c’estàdire qu’ils ont été créés ici, dans mon studio. J’ai utilisé des fils que j’ai teints avec des matériaux provenant de ma cuisine, de mon jardin, des endroits où je me promène, etc. Ils sont le pont entre les deux. Dans le contexte de cette discussion sur l’intimité, il est toutefois important de souligner la notion de visibilité. Dans les années 1990, à l’époque où nous commencions à nous mobiliser, il était essentiellement question de visibilité. Nous voulions manifester notre présence et faire réagir. Nous avons fait des « kissins », occupé des espaces typiquement hétéros et revendiqué des espaces pour les homosexuels, juste pour affirmer notre présence. Aujourd’hui, lorsque nous créons ces espaces de visibilité, nous rencontrons des difficultés au sein de nos propres communautés. Parfois, nous nous heurtons à des réactions hostiles parce que nous sommes trop visibles, parce que nous affichons de manière trop ostensible ce que nous sommes ou ce que nous voulons. 
SL : J’ai grandi à la campagne. Encore aujourd’hui, l’expérience des queers en milieu rural n’est pas la même qu’en milieu urbain. Nous commettons une grave erreur si nous croyons qu’il ne s’agit plus de visibilité : il est encore beaucoup question de visibilité. Je peux en témoigner pour être allé à la maison récemment. Si vous vivez dans l’Ouest canadien, vous ne pensez qu’à déménager à Toronto. Il y a une sorte de pèlerinage, la possibilité de s’émanciper, qui caractérise souvent l’expérience des queers en milieu urbain.
AB : En ce qui concerne ces questions de paternité, d’histoire collective et de visibilité, je m’intéresse à la manière dont les sensibilités minimalistes se manifestent dans vos œuvres. Comme moyen de pousser la réflexion audelà de la représentation picturale, elles apportent beaucoup à cette conversation.
SL : Dans ma pratique, je fais souvent référence à d’autres artistes queers historiques. Je le fais pour enrichir une histoire ou définir une filiation, pour que le public sache que je suis en dialogue avec quelque chose qui a précédé. Comme l’a mentionné Carl, une absence immense se fait sentir au cœur de la communauté en raison du VIH/sida. Toute une génération n’est plus là. Je suis né en 1991 et ces histoires ne m’ont tout simplement pas été transmises. À ma façon, j’essaie de perpétuer cette mémoire orale, en créant des liens avec des artistes comme Félix GonzalezTorres, General Idea et Robert Mapplethorpe. Pourtant, ils appartiennent à un certain courant de l’histoire de l’art occidental. Il nous incombe de continuer d’élargir la portée de cette conversation. 
CP : Les œuvres que je présente dans cette exposition sont en dialogue avec le minimalisme. Par le passé, j’ai créé des installations à grande échelle. Ces œuvres-ci sont plus subtiles. Je m’intéresse aux espaces liminaux, tels que les entrées, les poignées de porte et les fentes à lettres. Seuls quelques signaux sont visibles. Je veux que le public crée luimême l’histoire dans son esprit plutôt que de lui expliquer ce dont il est question. J’expérimente également avec la matérialité, en me poussant, en tant que sculpteur, à utiliser différents matériaux. Lorsque nous parlons de minimalisme, nous faisons référence à une perception de la forme à travers sa fonction pratique, son symbolisme et son histoire. 
CS : Je perçois mon projet comme une abstraction du paysage. Ces œuvres s’inspirent des tweeds associés à un domaine (estate tweeds), qui étaient utilisés comme camouflage lors des parties de chasse sur les domaines écossais. J’utilise les couleurs de ces différents paysages régionaux pour confectionner les tissus. De plus, le fait que le fil ait été teint à partir de matériaux issus de mon environnement immédiat accentue cette idée. Tout comme Christos, je m’interroge à savoir si cette recherche de l’abstraction suscite un niveau d’engagement différent chez le public. Dans ce pays, dans cette ville, nous avons fait beaucoup de progrès. Cependant, par cette approximation des distances entre les frontières, ces œuvres évoquent aussi une certaine fragilité. Malgré tous les efforts que nous avons déployés pour provoquer ce changement, nous savons que tout peut nous être enlevé.
AB : Les œuvres réunies dans cette exposition s’appuient sur un langage visuel aux formes épurées qui évoque un champ élargi de relations, aussi bien sociales que politiques et historiques. Ici, nous dialoguons avec ce qui existe aux limites du visible. Pourtant, il demeure une question éthique que chacun d’entre nous soulève par des moyens différents : qu’estce que cela implique de bâtir une communauté, d’établir de nouveaux liens, dans ce refus de l’image?

(Translation by the City of Ottawa)
In Conversation: 
Thresholds


Ash Barbu, Sam Loewen,
Christos Pantieras, and Carl Stewart
Exhibition on view at
Art-image and Odyssey space
September 12 — October 27, 2024
Ash Barbu: As the title of the exhibition suggests, what connects us across generational lines is an interest in spatial relations that offer new considerations of queer intimacy. Perhaps we can begin this conversation by exploring the possibility of mapping desire in practice.
Christos Pantieras: In my early work, I was engaging directly with my own experience as a means of inward exploration. As I reflect on the work I have produced more recently, I see this search moving outward. This pursuit of a search that is more inclusive likely reflects the fact of my relationship—that I’m no longer seeking intimacy publicly. As a result, I have started thinking about various forms of intimacy from other perspectives. With the body of work on display, I initially sought to explore exclusion and discrimination within queer communities—how we attribute ourselves as a discriminated community while also discriminating amongst ourselves. Through the process of creating these mats, however, the focus shifted. I felt that I couldn't be the voice for certain members of our community. For example, while I can speak to another and hear their perspective, I can’t extract that language and claim it in the work. As a result, I began to explore themes that connect universally. I look at these sculptures as anthropomorphic forms that are melancholic, experiencing beings caught in the space of the in-between.
AB: In this refusal to speak for another, the work considers power and desire in an expansive context. Here, we move from the specificity of pictorial representation—the constraint, in other words, of fixing the body to a specific image.
Carl Stewart: Echoing Christos’ comments, we alone can’t be the voice. The work that I have included in the exhibition centres on the bringing of attention. It seeks to bring attention to a situation where queer desire is not permitted. Early on, as I was conceptualizing the project, it was important not to simply reproduce traditional textiles from these cultures. It is not my place. When people learn about the patterns I have created, when they learn of the 69 countries referenced, there is often outrage. And there should be outrage. It takes me back 30 years ago when I was involved in activism.
AB: When we speak broadly about intimacy as connection, as opposed to the intimacy of sexual attraction, we are exploring the extent to which community can be imagined through the limitations of language, place, and privilege. We are speaking about the relations that determine who, in this imagined construct of queer community, has a voice. 
Sam Loewen: I grew up on apps and found connections through app-like communities. In a way, friends and lovers were one in the same—you’re all exploring, together. I still engage in those communities but in different ways. What I was looking for at one point isn't what I need now. The idea of mixing is very much at play in this work. I'm interested in the power dynamics that shape our experiences within and outside these imagined communities. I’m looking at the symbology of masculine expression, and, more specifically, social scripts of dominance and masculinity.
CP: In this context, I’m thinking about the welcome mats. Who holds the power? Is the mat engaging, reacting, or suffering?
CS: Further, there is someone who holds the power to put the mat out or take it away, so that you are no longer welcome. 
AB: Preparing for our conversation today, I was reflecting on long histories of censorship, erasure, and desire. The assumption that queer progress has been achieved, that these relations no longer shape queer lives, is, of course, deeply problematic. The very promise of queerness is, as Carl suggests, dangerous. It is dangerous in this world and in this city, even. We aren’t referring to individual bad actors but structural forces that cloak themselves in invisibility. Thinking about the threshold as the space of the in-between, we are asking, is it possible to transcend these invisible limits that have been imposed upon us?
SL: To your question, I would simply say: queer grit. There is a grittiness I see throughout queer history and these implications are significant when we think about materiality, art, and resistance. I always return to that one scene in To Wung Foo, Thanks for Everything! Julie Newmar, where the queens say, ‘All we need are some Turkish rugs and bolts of silk and we'll have a party.’ That’s the resiliency—that I can take nothing and feel the fantasy, no matter the circumstance. We might go through it, but we're going to have a party. We face many issues, even amongst ourselves, but queerness is also about celebration. It isn't always a dim thing. It can be a wonderful thing.
CS: That is what pride has always been. Maybe resilience, grit, and resourcefulness aren’t necessarily unique to the queer community. We see that across different marginalized groups. It is what marginalized people do, and we have no other choice. If we don't, then we have given up and given in. It is what we do to continue to exist.
AB: I’m also thinking about the intersectional queer communities that have been sidelined from these celebrations, from the early prides through to the present. It is difficult to trace the shared parameters of this thing called queer history. 
CP: I’m working on a project for the Diefenbunker on the LGBT Purge. For those subject to surveillance, desire was hidden as they were at risk of being exposed. In Canada, the situation has evolved dramatically.
CS: When I was going to bars in my late 20s, you wouldn’t find men in their 50s because so many had died. There is an entire gap in our history.
AB: And so, we face a certain paradox. That is, to think historically—to recognize, in other words, the work of our queer elders—and to reject essentialist, flattening definitions of community. This process begins with recognizing the privilege we hold in claiming certain histories as our own. Freedom doesn’t simply mean one thing—for those living within borders subject to other laws. Carl, your work speaks to the complexity of this wish for connection. The gesture is one of care. At the same time, you are mindful not to define someone's reality for them.
CS: All the designs are local, which is to say, they were created right here in my studio. I included yarn that I dyed with materials from my kitchen, from my garden, from where I walk, and so on. This is the bridge between one and another. In the context of this discussion on intimacy, though, it is important to underline the idea of visibility. In the 90s, when we were organizing, it was specifically about visibility. It was about being present and confrontational—in your face. We did kiss-ins, we occupied straight spaces, and we claimed gay spaces, just to declare that we were here. Today, in carving out these spaces for visibility, there are struggles within our own communities. Sometimes, we face backlash for being too visible—for being too vocal about who we are or what we want. 
SL: I grew up rurally. The rural queer experience is, even to this day, not the same as the urban experience. We make a serious mistake if we think that it is no longer about visibility—it is still very much about visibility. I can say this just from being home recently. If you're in Western Canada, it is all about moving to Toronto. There is a certain kind of pilgrimage, the possibility of a way out, that defines much of the queer urban experience.
AB: Negotiating these questions of authorship, collective history, and visibility, I’m interested in the ways in which minimalist sensibilities figure in your work. As a means of thinking beyond pictorial representation, it has a lot to offer to this conversation.
SL: In my work, I often reference other historical queer artists. I do this to add to a history or frame a lineage—to let the viewer know that I’m in dialogue with something that came before. As Carl said, a huge absence lies at the heart of community due to HIV/AIDS. A generation of people is not here. I was born in 1991 and these stories simply weren’t passed down to me. In my way, I try to keep this oral history alive, connecting with artists like Félix Gonzalez-Torres, General Idea, and Robert Mapplethorpe. Still, they belong to a certain narrative of Western art history. It is our job to continue to broaden the scope of this conversation. 
CP: The work I’m contributing to the exhibition is in dialogue with minimalism. In the past, I have created large-scale installations. This work is subtler. I’m thinking about liminal spaces, such as entryways, doorknobs, and mail slots. There are only a few signals—I want visitors to generate the story within their own minds rather than telling them what's going on. I'm also experimenting with materiality, pushing myself as a sculptor to use different materials. When we speak of minimalism, we are referring to a sensitivity to form through its practical function, its symbolism, and its history. 
CS: I think of my project as an abstraction of the landscape. The work derives from estate tweeds, which were used as camouflage for hunting parties on Scottish estates. I’m looking to the colors from all these different regional landscapes to create the fabrics. And the fact that the yarn was dyed using materials from my immediate landscape pushes the idea further. As Christos suggests, I wonder if this commitment to abstraction creates a different level of engagement for the viewer. In this country, in this city, we have seen many gains. But in this approximation of distances between borders, these works also suggest a certain fragility. As hard as we’ve worked to create this change, we know that it can all be taken away.
AB: The works brought together in this exhibition draw upon a visual language of reduced form that speaks to an expanded field of relations—at once social, political, historical. Here, we are in dialogue with that which exists at the limits of the seeable. Yet there is an ethical question that remains, that each of us are asking through different means: What does it mean to build community, to form new connections, within this refusal of the image?
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